Publié le: 2021-07-02
Votre voiture collecte une foule de données qui vous échappent. L’Association des industries de l’automobile (AIA) du Canada mène actuellement une campagne pour donner aux consommateurs le contrôle sur leur utilisation. Cette association représente les acteurs du marché secondaire de l’automobile, des fabricants et vendeurs de pièces de rechange aux débosseleurs et garagistes.
Une pétition a été lancée pour réclamer au ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, M. François-Philippe Champagne, l’inclusion de ce droit dans le projet de Loi C-11.
« Votre voiture connaît votre poids » donne en exemple M. Jean-François Champagne, président de l’AIA, en entrevue avec Victoire Événements et Web. Après le téléphone cellulaire, c’est la voiture qui est l’appareil connecté qui en connaît le plus sur nous et nos habitudes. Le projet de Loi C-11 vise à moderniser la protection des renseignements personnels. C’est pour cette raison que l’AIA souhaite qu’elle s’applique aux données télématiques. Jusqu’à ce jour, plus de 26 000 personnes ont signé la pétition.
De plus en plus de voitures connectées
De plus en plus de voitures neuves sont équipées de systèmes de télématique. Ces systèmes utilisent des senseurs pour monitorer l’état des pièces, mesurer les habitudes de conduite et la localisation du véhicule. La technologie sans fil est utilisée pour envoyer ces données directement au manufacturier. Selon un rapport publié par la firme Deloitte, d’ici 2022, jusqu’à 95 % des nouveaux véhicules seront connectés.
« La voiture électrique s’en vient, mais la voiture connectée est ici aujourd’hui », rappelle M. Champagne.
Moins de choix pour les consommateurs
Le président s’inquiète que le « contrôle de l’information va réduire le choix des consommateurs ». Certaines limitations sont déjà en vigueur. « Si je remplace une pièce dans un véhicule et que l’ordinateur ne la reconnaît pas, le véhicule ne démarrera pas ». M. Champagne donne l’exemple de constructeur dont le système de télématique ne reconnait pas une transmission installée par un tiers. Cette réparation doit donc obligatoirement se faire chez le concessionnaire.
En plus de diminuer le choix, cela pourrait faire augmenter le prix des réparations pour les automobilistes. Pour l’AIA une croissance de ces contraintes met en péril l’ensemble du secteur du marché secondaire de l’automobile. Ce sont plus de 490 000 emplois qui sont à risques.
« On privilégie une solution nationale ». Tant que le projet de loi C-11 est sur la table, l’AIA espère réussir à sensibiliser le ministre Champagne de l’importance d’encadrer l’utilisation des données. « Ça nous a pris dix ans comme société pour réaliser les effets néfastes de Facebook sur les médias locaux », et M. Champagne souhaite que cela ne prenne pas autant de temps « pour se rendre compte de l’effet néfaste que [l’auto connectée] a sur notre façon de se déplacer ».
L’AIA considère que les propriétaires de véhicules doivent avoir le contrôle sur les données qu’ils génèrent et que c’est à eux de donner accès aux informations télématiques au réparateur de leur choix.
Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada (CMAC), n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
Le projet de Loi C-11 a été adopté en première lecture en novembre 2020. Après une deuxième lecture, il doit être étudié en comité avant de revenir à la Chambre des Communes pour la lecture finale et son adoption.
Par Sam Harper, Il y a quelques années, Sam Harper a troqué le stéthoscope pour le clavier. Journaliste indépendant et programmeur passionné par la cybersécurité, il écrit des mots et du code. Il s’intéresse particulièrement aux enjeux politiques et sociaux qui entourent les algorithmes qui influencent nos vies. |
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